Axel Alletru a une volonté de fer et rêve de Londres…ou de Rio de Janeiro (JO 2016).
PHOTO PIERRE LE MASSON
| RENCONTRE |
C’est l’histoire d’un athlète pas comme les autres, un champion qui avance avec l’énergie de l’espoir. Après un grave accident qui a mis prématurément fin à une brillante carrière de pilote de moto-cross, le Nordiste Axel Alletru s’est jeté à l’eau pour nourrir des rêves olympiques.
« Tu vas enchaîner 75 mètres à fond puis 25 doucement. » Piscine de Ronchin, près de Lille, par un soir d’hiver. Anne Ryckelynck, kinésithérapeute au centre de rééducation de l’Espoir et entraîneur de natation, donne ses consignes à un élève pas tout à fait comme les autres. Sourire aux lèvres, Axel, 21 ans, écoute attentivement puis s’élance. « C’est un vrai athlète, il dédie sa vie au sport », lâche son coach, les yeux rivés sur ce grand gaillard qui, à force d’avancer vite, a chamboulé son destin.
« J’y crois »
Dans l’eau chlorée, il est Axel, un nageur presque comme les autres, sauf que lui est paralysé de la quasi totalité des deux jambes. Mais il y a un peu plus de dix-huit mois, il était surtout connu par son patronyme. Le nom d’Alletru résonnait dans les paddocks et figurait régulièrement sur les manchettes de la presse spécialisée. Engagé en championnat du monde, il était alors un grand espoir du motocross. Jusqu’à cette mauvaise chute, le 27 juin 2010, lors d’un grand prix disputé en Lettonie : « Je suis parti à la faute dans un virage, j’ai atterri sur les fesses. Quand les secours sont arrivés, je leur ai dit que je ne sentais plus mes jambes. » Le diagnostic tombe, impitoyable : fracture de la vertèbre lombaire L1, paraplégie. Un long combat commence alors au centre de rééducation de l’Espoir, à Hellemmes. « Au fond de moi, je ne voulais pas du fauteuil roulant, il fallait que je remarche même si l’on me disait que c’était impossible », se souvient le jeune homme. Alors avec Anne, sa kiné, il met les bouchées doubles. « Je me levais la nuit pour bosser, c’était plus que du haut niveau, c’était le challenge de ma vie. J’ai commencé à rattraper des quadriceps et, au bout de six mois, le fléchisseur des hanches. Ma kiné a alors demandé qu’on me fabrique des orthèses et, aujourd’hui, j’arrive à me déplacer avec des béquilles. Quand les gens me voient, certains croient que je me suis juste fait une entorse », sourit-il.
Avec le joyeux Axel Alletru, tout a l’air simple. Pourtant, la marche lui demande un effort constant. « Au niveau de l’équilibre, c’est comme si je marchais sur les mains », ajoute-t-il, sans se plaindre. Dur au mal, le gaillard est un compétiteur, sûr que tout ça lui a servi. « Il a défié les médecins, il nous a bluffés », résume sa kiné. Alors, après avoir été vice-champion du monde de bicross lorsqu’il avait 12 ans, puis vice-champion du monde junior de motocross à 17 ans, son objectif est désormais de participer aux épreuves de natation des Jeux paralympiques de Londres, en août. « Il me manque encore trois secondes pour faire les minima dans ma catégorie, mais j’y crois. » S’il peut s’appuyer sur un mental de gladiateur, Axel Alletru a aussi des prédispositions. À la piscine, il est comme un poisson dans l’eau. C’est ainsi que lors de ses premiers championnats de France handisport, le 27 juin 2011, il a pêché une médaille de bronze. Un sacré clin d’oeil du destin, tout juste un an après son accident. « C’était presque miraculeux, quand je racontais mon histoire, on avait dû mal à me croire », lâche-t-il, ému par cette drôle de synchronisation des événements. « C’est mon destin », répète-t-il, avant d’avaler ces lignes d’eau d’où découlent dorénavant ses aspirations de champion. Et tant pis si une opération à l’épaule a récemment freiné son ascension, l’énergie de l’espoir continue de le guider. « Si en 2012 ça ne passe pas, en 2016 je serai au top du top », prévient-il. On le croit sur parole.